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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/138

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— Mais c’est toujours comme cela. En attendant vous avez obtenu ce que vous vouliez.

— Oui. Mais malgré ce résultat je me sens triste. Car, enfin, comment les choses se passent-elles ? Pourquoi la retenait-on ?

— Oh ! il vaut mieux ne pas approfondir cette question. Je vous conduis, n’est-ce pas ? interrogea l’avocat en sortant sur le perron où l’attendait une excellente remise.

— Alors, chez le baron Vorobiev ?

L’avocat dit au cocher où il devait aller et les beaux chevaux amenèrent rapidement Nekhludov à la maison habitée par le baron. Celui-ci était chez lui. Dans la première pièce il y avait un jeune fonctionnaire en petite tenue, avec un cou d’une longueur démesurée, la pomme d’Adam saillante et la démarche sautillante, et deux dames.

— Votre nom ? demanda le jeune fonctionnaire à la pomme saillante, en quittant gracieusement les dames et s’avançant vers Nekhludov.

Nekhludov se nomma.

— Le baron a parlé de vous. Un instant.

L’aide de camp passa dans la pièce voisine et en sortit bientôt en compagnie d’une dame en deuil et tout en larmes. La dame, de ses doigts amaigris, abaissa son voile pour cacher ses pleurs.

— Prenez la peine d’entrer, dit le jeune homme à Nekhludov : et, d’un pas léger, il s’avança vers