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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/220

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XXIX

La première chose que fit Nekhludov dès son retour à Moscou fut d’aller à l’infirmerie de la prison pour annoncer à Maslova la triste nouvelle : que le Sénat avait confirmé la sentence du tribunal et qu’elle devait se préparer à partir pour la Sibérie. Quant au recours en grâce, rédigé par l’avocat, et qu’il portait maintenant à Maslova pour le lui faire signer, Nekhludov avait peu d’espoir. Et, chose étrange, il n’en désirait plus la réussite. Il s’était fait à l’idée du départ pour la Sibérie, de l’existence parmi les déportés et les forçats, tandis qu’il se représentait difficilement comment il arrangerait sa vie et celle de Maslova, si elle était acquittée. Il se rappelait les paroles que disait l’écrivain américain Thoreau, quand l’esclavage régnait en Amérique : dans le pays où l’esclavage est légal et protégé, la prison est le