Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mêmes sont semblables à ces hommes qu’ils torturent, frappent, tuent ? Et on lui répondait par des discussions touchant les questions : L’homme est-il libre ou non ? Peut-on, à la forme du crâne, reconnaître l’homme criminel ? Quel est le rôle de l’hérédité dans le crime ? L’instinct d’imitation n’y joue-t-il pas également un rôle ? Y a-t-il une immoralité atavique ? Qu’est-ce que la moralité ? Qu’est-ce que la folie ? Qu’est-ce que la dégénérescence ? Qu’est-ce que le tempérament ? Quelle action ont, sur le crime, le climat, la nourriture, l’ignorance, l’imitation, l’hypnotisme, les passions ? Qu’est-ce que la société ? Quels sont ses devoirs ? etc., etc.

Toutes ces discussions rappelaient à Nekhludov la réponse que lui avait faite jadis un petit garçon revenant de l’école auquel il avait demandé s’il savait épeler. « Je l’ai appris », avait répondu l’enfant. « Eh bien, épelle le mot patte ». « Mais quelle patte ? Une patte de chien ? » lui avait demandé le petit garçon d’un air malin. De même à sa question unique, primordiale, Nekhludov ne trouvait comme réponse, dans les ouvrages des savants, que des interrogations. Il y trouvait bien des réflexions subtiles, profondes, intéressantes, mais aucune réponse à cette question essentielle : De quel droit les uns punissent-ils les autres ? Non seulement il n’y trouvait point de réponse, mais au contraire, tous les raisonnements