Nous nous sommes demandé s’il n’y aurait pas moyen de la libérer sous caution. Mon père va trouver un chef, mais sans succès ; puis il va chez un autre. Il en a vu jusqu’à cinq l’un après l’autre. Il allait déjà y renoncer quand il rencontra un homme qui a un emploi quelconque dans les tribunaux ; un fin matois comme il est difficile d’en trouver un autre. « Donne-moi cinq roubles et je t’arrange cela », dit-il. On s’est entendu pour trois roubles. Eh bien, frère, pour avoir ces trois roubles j’ai mis en gage les toiles de ma femme ! Et dès qu’il a eu écrit ce papier, dit Tarass, comme s’il parlait de la détonation d’un fusil, ça a été fait du coup, je commençais à aller mieux, et c’est moi-même qui suis allé la chercher à la ville.
— Alors, frère, j’arrive à la ville. Je mets la jument à l’auberge, je prends le papier et je me rends à la prison. « Que te faut-il ? » — « Voilà, dis-je, ma femme est enfermée chez vous ». « As-tu un papier ? » Je donne le papier. On l’examine. — « Attends, » me dit-on. Je m’asseois sur un banc. Le soleil était déjà au-dessus de midi. Voilà qu’arrive un chef. « C’est toi qui t’appelles Vargouchov ? » me demande-t-il. « Moi-même ». — « Eh bien ! Emmène, » dit-il. Tout de suite on a ouvert une porte. On l’amène avec ses habits à elle, comme il faut. — « Eh bien ! lui dis-je, partons ». — « Tu es venu à pied ? » — « Non, j’ai mon cheval ». Nous retournons à l’auberge, je paie, j’attelle ma