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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/360

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plusieurs d’entre eux, d’abord à Ekaterinebourg, où les condamnés politiques jouissaient d’une plus grande liberté et étaient enfermés tous ensemble dans une grande salle ; puis pendant le trajet, où il se trouva en rapport avec les cinq hommes et les quatre femmes auxquels on avait adjoint Maslova. Ce rapprochement de Nekhludov des criminels politiques l’amena à modifier complètement son opinion à leur égard.

Dès le début du mouvement révolutionnaire en Russie et surtout après l’attentat du 1er mars, Nekhludov avait toujours manifesté des sentiments hostiles, et même du mépris envers les révolutionnaires. Les raisons de ces sentiments c’était avant tout la cruauté et les agissements mystérieux auxquels ils recouraient dans leur lutte contre le gouvernement, et, principalement, la cruauté des meurtres qu’ils commettaient ; ensuite c’était la grande présomption, commune à eux tous. Mais quand il les vit de plus près, quand il apprit combien souvent ils avaient souffert injustement de la part du gouvernement, il comprit qu’ils ne pouvaient être autrement qu’ils étaient.

Quelque insensés que fussent les châtiments endurés par ceux qu’on appelle les condamnés de droit commun, toutefois, avant et après leur condamnation, ils étaient l’objet d’un semblant de procédure légale ; tandis qu’en matière politique,