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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/475

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pouvait admettre les étrangers. Nekhludov lui ayant objecté qu’on le laissait entrer, même dans les capitales, le directeur répondit :

— Cela est fort possible ; mais moi je ne permets pas !

Son ton signifiait : « Vous autres, messieurs de la capitale, vous croyez nous étonner ; mais nous, même dans la Sibérie orientale, nous connaissons imperturbablement la loi et nous vous le ferons voir ! »

La copie du décret de la Chancellerie particulière de Sa Majesté n’eut pas plus d’effet sur le directeur de la prison.

Il refusa tout net d’admettre Nekhludov dans les murs de la prison. Quant à la naïveté de Nekhludov, supposant que Maslova pouvait être libérée sur le vu de cette simple copie, il répondit par un sourire méprisant, et déclara que pour mettre un prisonnier en liberté, il lui fallait un ordre de son chef hiérarchique. Tout ce qu’il pouvait promettre, c’était d’informer Maslova de sa grâce et de ne pas la détenir même une heure de plus dès qu’il aurait reçu l’ordre de ses chefs.

Il refusa également de le renseigner sur la santé de Kriltsov, il ajouta qu’il n’avait pas même le droit de dire qu’il y avait ici un prisonnier de ce nom. Ainsi Nekhludov, sans avoir rien pu obtenir, remonta dans sa voiture et regagna son hôtel.

La sévérité du directeur avait une autre raison :