fois au lit raconta à Galtzine les détails de l’affaire et cela d’une façon tout à fait naturelle, mais en s’y prenant ainsi que ces détails prouvaient que lui Kalouguine était un officier très actif et courageux, ce à quoi il semblait inutile de faire allusion, parce que tous le savaient et n’avaient aucun droit, ni motif d’en douter, sauf peut-être le défunt capitaine Praskoukhine, qui, bien que considérant comme un bonheur de se promener bras dessus, bras dessous avec Kalouguine, la veille encore, en secret, avait raconté à un ami que Kalouguine était un très bon garçon mais, qu’entre nous soit dit, il n’aimait pas du tout aller aux bastions.
Dès que Praskhoukhine, marchant à côté de Mikhaïlov, se sépara de Kalouguine et s’approchant d’un endroit moins dangereux, commençait déjà à se sentir renaître, il aperçut une flamme qui brillait clairement derrière lui et il entendit le cri de la sentinelle : « Mor… tier ! » et ces mots d’un des soldats qui marchaient derrière lui : « Il tombera juste au bastion ! »
Mikhaïlov se détourna. Le feu clair de la bombe semblait s’être arrêté à son point culminant, à cette position, où il est impossible de définir sa direction. Mais, ce ne dura qu’un moment, la bombe se rapprochait de plus en plus rapidement, de sorte qu’on voyait déjà les étincelles du tube et qu’on entendait le fatal sifflement, et elle tombait droit au milieu du bataillon.