Kozeltzov, avant d’aller chez les officiers, alla saluer sa compagnie et voir où elle se trouvait. Les parapets construits avec des gabions, les profils des tranchées, les canons devant lesquels il passait, même les éclats et les bombes dans lesquels il trébuchait en route, tout cela, éclairé sans cesse par la lumière des coups, lui était bien connu ; tout cela s’était incarné vivement dans sa mémoire, trois mois avant, quand, sans sortir de deux semaines, il se trouvait à ce même bastion. Ses souvenirs étaient sans doute pleins d’horreur, mais cependant il s’y mêlait un charme quelconque, le charme du passé, et il reconnaissait avec plaisir les objets et les endroits connus, comme si les deux semaines vécues ici eussent été agréables. La compagnie était disposée le long des murailles défensives du sixième bastion.
Kozeltzov entra dans le long blindage, tout à fait