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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/208

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plupart des visages s’exprimait sinon la peur, du moins l’inquiétude. Ce fait tranquillisait tout à fait Volodia et l’encourageait.

« Alors, voilà, je suis sur le mamelon de Malakoff que je m’imaginais mille fois plus terrible ! Et je puis marcher sans saluer les boulets et j’ai même beaucoup moins peur que les autres ! Alors je ne suis pas poltron ! » pensait-il avec plaisir et même avec un certain enthousiasme dans la satisfaction de soi-même.

Cependant, ce sentiment était bientôt ébranlé par un spectacle qu’il aperçut au crépuscule dans la batterie de Kornilov pendant qu’il cherchait le chef du bastion. Quatre matelots, près du parapet, tenaient par les jambes et par les bras le cadavre ensanglanté d’un homme sans chaussures et sans capote et le balançaient avec l’intention de le lancer par-dessus le parapet. (Deux jours après le bombardement on n’avait pas encore réussi à enlever tous les cadavres et on les jetait dans le fossé pour qu’ils ne gênassent pas la batterie.) Volodia resta un moment pétrifié en voyant comment le cadavre frappait sur le sommet du parapet et de là roulait dans le fossé. Mais par bonheur, il rencontra ici même le chef du bastion qui lui donna des ordres et un guide pour le conduire à la batterie et au blindage réservé aux servants.

Nous ne raconterons pas combien d’autres dangers et déceptions éprouva ce même soir notre