Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/209

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héros. Au lieu de trouver ici le tir qu’il avait pratiqué dans le champ de Volkovo, dans toutes les conditions d’exactitude et d’ordre qu’il espérait, au lieu de cela, il trouvait deux mortiers brisés, dont l’un était criblé par un obus dans l’âme du canon, l’autre gisant sur les débris d’une plate-forme détruite. Nous ne raconterons pas comment, jusqu’au matin, il ne put obtenir d’ouvriers pour réparer la plate-forme, comment aucune charge n’était du poids indiqué dans le « Manuel », comment furent blessés deux soldats de son détachement, et comment il fut vingt fois à un doigt de la mort. Heureusement on désigna pour l’aider, comme chef de pièce, un marin d’une taille énorme, qui était auprès du mortier depuis le commencement du siège et le convainquit qu’on pouvait tirer, puis le conduisit, avec une lanterne, dans la nuit, à travers le bastion comme à travers son potager, et promit d’arranger tout pour le lendemain. Le blindage où le conduisit son guide était un trou allongé de deux sagènes cubes[1] et protégé par des poutres de chêne d’une archine[2] de diamètre. Il s’y logea avec tous ses soldats.

Vlang, dès qu’il aperçut une petite porte basse, du blindage, haute d’une archine, accourut le

  1. La sagène vaut 3 archines.
  2. L’archine vaut 0 m. 711.