Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

premier et faillit s’écraser sur le sol pierreux. Il s’installa dans une cour d’où il ne sortit plus. Quand tous les soldats se furent installés le long des murs, sur le sol, quelques-uns allumant leurs pipes, Volodia dressa son lit de camp dans un coin, alluma une chandelle et allongé sur le lit, fuma une cigarette. Au-dessus du blindage s’entendaient des coups ininterrompus mais sourds, à l’exception d’un canon voisin du blindage, et qui l’ébranlait par un tonnerre. Dans le blindage même régnait le calme, seulement les soldats encore intimidés par le nouvel officier, causaient de temps en temps, se demandant entre eux soit de se pousser, soit de se donner du feu pour la pipe ; un rat grattait quelque part, parmi les pierres, ou Vlang, qui n’était pas encore remis et regardait autour de lui, comme un sauvage, poussait soudain un haut soupir. Volodia, sur son lit, dans le coin encombré de gens et éclairé d’une seule bougie, goûtait un sentiment de bien-être qu’il n’avait pas éprouvé depuis son enfance, quand, jouant à cache-cache il se glissait dans l’armoire ou sous la jupe de sa mère et, sans respirer, écoutait et avait peur des ténèbres, en même temps qu’il éprouvait un certain plaisir.

Il sentait un petit frisson, et aussi de la joie.