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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/257

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petit soulagement, oui, mon cher les jours se suivent mais ne se ressemblent pas, ajouta-t-il, et tout à coup, il rougit, confus. Il se leva de sa place en s’apercevant que ce même aide de camp, dont nous causions s’approchait de nous.

— C’est un tel bonheur de rencontrer un homme comme vous, — me chuchota Gouskov en s’éloignant de moi. — J’aurais beaucoup, beaucoup de choses à vous dire.

Je me déclarais enchanté de cela, mais j’avoue qu’en réalité, Gouskov m’inspirait une commisération, non sympathique mais pénible.

Je pressentais qu’en tête à tête, je serais gêné avec lui, mais je voulais savoir de lui beaucoup de choses, et surtout, comment, puisque son père était très riche, il se trouvait dans une telle dèche, comme on en pouvait juger par ses vêtements et ses manières.

L’aide de camp nous salua tous, sauf Gouskov, et s’assit près de moi, à la place qu’occupait le dégradé. Toujours calme et lent, joueur impassible et muni d’argent, Paul Dmitrievitch était maintenant un tout autre homme que celui que j’avais connu dans la période florissante de son jeu. Il avait l’air de se hâter, nous regardait sans cesse, et il ne se passa pas cinq minutes, que lui, qui refusait toujours de jouer, proposa une banque au lieutenant O… Celui-ci refusa, sous