venu Dieu sait d’où, tombait au milieu de nos tentes, c’était si étrange, que de longtemps je ne pus me rendre compte de ce que c’était. Le soldat Andréev, qui était en sentinelle à la batterie, s’approcha de moi.
— Voyez comme il s’est glissé ! Tenez ici, on a aperçu le feu ! — dit-il.
— Il faut éveiller le capitaine — dis-je. Et je regardai Gouskov.
Il était debout, voûté presque jusqu’à terre, et il bégayait pour dire quelque chose : « C’est… c’est… l’enn… c’est… très… drô… le… » Il ne prononça rien de plus et je ne n’ai pas vu comment et où il disparut immédiatement. Dans la tente du capitaine, on allumait la chandelle. On entendait sa toux habituelle, au réveil, et bientôt il sortit en demandant du feu pour allumer sa petite pipe.
— Qu’est-ce donc, petit père, aujourd’hui on ne peut pas me laisser dormir, — fit-il en souriant. — Tantôt vous avec votre dégradé, tantôt Chamil. Que ferons-nous, hein ? Répondre ou non ? Il n’y avait rien qui fût relatif à celà dans l’ordre ?
— Rien. Le voilà encore — dis-je — et il tire de deux canons.
En effet, dans l’obscurité, devant, à droite, s’enflammaient deux feux comme deux yeux et bientôt au-dessus de nous volaient un boulet et une grenade vide — la nôtre probablement — qui produisit un sifflement aigu et bruyant. Des soldats sor-