Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/376

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d’hui, etc. Bien que ces cartes eussent deux mois d’usage, elles étaient plus propres que celles dont se servait Anna Fédorovna.

— Seulement vous ne jouez peut-être pas de petites sommes ? — demanda l’oncle. — Avec Anna Fédorovna nous jouons un demi-kopek… avec cela elle nous gagne toujours.

— Ah ! comme il vous plaira, je suis très heureux, — répondit le comte.

— Eh bien ! allons, jouons à un kopek papier-monnaie ! que nos chers hôtes gagnent, chez moi, la vieille, — dit Anna Fédorovna en s’installant commodément dans son fauteuil et rajustant sa mantille.

« Peut-être leur gagnerai-je un rouble » — pensait Anna Fédorovna, qui, en vieillissant avait vu s’éveiller une petite passion pour les cartes.

— Voulez-vous que je vous apprenne à jouer aux tableaux, avec la misère ? C’est très amusant, — dit le comte.

Le nouveau jeu de Pétersbourg plut beaucoup à tous. L’oncle affirma même qu’il le connaissait, que c’était la même chose qu’au boston, mais qu’il l’avait oublié un peu. Anna Fédorovna ne comprit rien et pendant si longtemps, ne put saisir le jeu qu’elle se vit forcée, en souriant et en secouant bénévolement la tête, d’affirmer que maintenant elle comprenait et que tout lui paraissait clair. Il y eut un beau rire au milieu du jeu quand Anna Fédorovna avec un as et un roi seul déclara misère