Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/56

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fort la fille au mouchoir rouge, qui plus d’une fois, avait vu rougir le capitaine quand elle passait devant sa fenêtre. Praskoukhine marchait derrière et sans cesse poussait de la main le prince Galtzine, en faisant, en français, diverses observations. Mais comme on ne pouvait pas passer quatre de front dans les allées, il était forcé de marcher seul et seulement au second tour il prit sous le bras un officier de marine très connu, Serviaghuine, qui s’approchait et lui adressait la parole, désirant visiblement s’adjoindre au groupe des aristocrates. Le brave très réputé mit joyeusement sa main musclée, loyale, dans celle de Praskoukhine, bien connu de tous, même de Serviaghuine, pour un homme peu estimable. Quand Praskoukhine, en expliquant au prince Galtzine sa connaissance avec ce marin, lui chuchota que c’était un brave très connu, le prince Galtzine qui était la veille au quatrième bastion et qui, ayant vu éclater une bombe à vingt pas de lui, se considérait comme non moins brave que ce monsieur, convaincu en outre que beaucoup de réputations s’acquièrent tout à fait sans mérite, ne fit aucune attention à Serviaghuine.

Il était si agréable au capitaine en second Mikhaïlov de se promener dans cette société qu’il oubliait tout à fait la charmante lettre de T… et les pensées sombres qui l’obsédaient à cause du prochain départ au bastion. Il resta avec eux jusqu’au moment où ils se mirent à parler exclusivement