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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/131

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sacré, — dit-il, les yeux, brillants, en levant les mains.

Et en effet un feu dévorant, intérieur, brillait dans toute sa personne.

— Ah mon Dieu ! — fit-il tout à coup. — Vous ne connaissez pas Pétrov, le peintre.

— Non, — répondit en souriant Delessov.

— Comme je voudrais que vous fassiez sa connaissance ! Vous auriez du plaisir à lui parler. Comme il comprend l’art lui aussi. Autrefois nous nous nous rencontrions souvent chez Anna Ivanovna, mais maintenant, pour une raison quelconque, elle est fâchée contre lui. Je voudrais beaucoup que vous fissiez connaissance avec lui. Il a un grand talent, un grand talent !

— Fait-il des tableaux ? demanda Delessov.

— Je ne sais pas, je crois que non. Mais il est sorti de l’Académie. Que d’idées chez lui ! Quand il parle, parfois c’est étonnant ! Oh ! Pétrov est un grand talent, seulement il mène une vie trop gaie… Voilà ce qui est dommage, — ajouta en souriant Albert. Après cela il se leva du lit et prit le violon qu’il se mit à accorder.

— Quoi ! Y a-t-il longtemps que vous étiez à l’Opéra ? — lui demanda Delessov.

Albert le regarda et soupira :

— Ah ! je ne sais déjà plus, — fit-il en prenant sa tête à deux mains. De nouveau il s’assit près de Delessov.