Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/141

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heureux de vous recevoir, si vous permettez qu’il vous entende.

— Merci, je ne puis pas jouer, — prononça entre ses dents Albert, et il passa dans sa chambre en refermant doucement la porte derrière soi.

Quelques minutes, après la poignée tournait aussi doucement et il sortit de la chambre avec le violon. Il jeta un coup d’œil rapide et méchant sur Delessov, posa le violon sur la chaise et de nouveau disparut.

Delessov haussa les épaules et sourit.

— « Que dois-je faire encore ? De quoi suis-je coupable ? » — pensa-t-il.

— Eh bien ! Que fait le musicien ? — fut sa première question, en rentrant tard à la maison.

— Il va mal, répondit brièvement et d’une voix sonore Zakhar. — Il soupire tout le temps, tousse et ne dit mot, seulement, cinq fois de suite, il m’a demandé de l’eau-de-vie. Je lui en ai déjà donné un petit verre, autrement il est à craindre que nous ne le perdions, Dmitri Ivanovitch. C’est comme l’employé…

— Joue-t-il du violon ?

— Il ne l’a même pas touché. Deux fois je le lui ai apporté, alors il l’a pris doucement et l’a remporté, — répondit Zakhar avec un sourire. — Alors vous n’ordonnez pas de lui donner à boire ?

— Non, attendons encore un jour, nous verrons ce qu’il en sera. Et maintenant que fait-il ?