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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/212

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— Vous ne devez ni ne pouvez vous ennuyer, — dit-il. — Vous avez la musique que vous comprenez, les livres, l’étude, devant vous toute la vie à quoi on peut se préparer pour ne rien regretter après. Dans un an il sera déjà tard.

Il causait avec moi comme un père ou un oncle, et je sentais qu’il se contenait pour toujours être sur un pied d’égalité avec moi. Il m’était blessant qu’il me considérât comme inférieure à lui, et agréable que pour moi seule il crût nécessaire de devenir autre.

Le reste de la soirée il causa des affaires avec Katia.

— Et bien, adieu mes chères amies ! — dit-il en se levant. Et s’approchant de moi il me prit la main.

— Quand est-ce que nous vous reverrons ? — demanda Katia.

— Au printemps, — répondit-il, toujours me tenant la main. — Maintenant j’irai à Danilovka (notre autre domaine), je verrai ce qui s’y passe, j’arrangerai tout ce que je pourrai, j’irai à Moscou pour mes affaires et l’été nous nous reverrons.

— Mais pourquoi pour si longtemps ? — dis-je tristement.

Et en effet j’avais espéré le voir chaque jour et tout d’un coup il m’était de nouveau triste et pénible de retomber dans mon ennui. Cela sans doute s’exprimait dans mon regard et dans ma voix.