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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/220

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menez seule le soir, dans l’allée ? Mais ce serait donc un malheur ?

— Pas un malheur… — commençai-je.

— Bien, mais rien de bon, — acheva-t-il.

— Oui, mais je puis me tromper…

De nouveau il m’interrompit.

— Eh bien ! Vous voyez. Elle a tout à fait raison et je lui suis très reconnaissant pour sa franchise, et très heureux que nous ayons eu cette conversation !

— Oui, c’est peu ; pour moi ce serait le plus grand malheur, ajouta-t-il.

— Vous n’avez pas du tout changé, toujours original, dit Katia ; et elle sortit de la terrasse pour commander le souper.

Une fois Katia sortie, nous nous tûmes et, autour de nous, tout était silencieux. Seul le rossignol faisait ses roulades et non comme hier, mais par saccades, non résolument, mais comme il fait la nuit, tranquillement, sans se hâter. Un autre, pour la première fois ce soir, lui répondit du bas du ravin. Le plus proche de nous se tut un moment, comme s’il écoutait, et ses trilles continuèrent plus tendres, plus nets, plus sonores, et royalement, tranquillement, dans le monde de la nuit étrange pour nous, éclataient ces voix.

Le jardinier passait dans l’orangerie pour se coucher, le bruit de ses lourdes bottes résonna et s’éloigna dans l’allée. Quelqu’un, deux fois, fit