Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/224

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Il voulait croire que je n’avais aucune coquetterie.

Et quand je l’eus compris, en effet, il ne restait en moi, pas même l’ombre de coquetterie de toilette, de coiffure, de mouvements, etc., mais au lieu de cela, parut la coquetterie très sensible de la simplicité ; à cet âge je ne pouvais être encore simple. Je savais qu’il m’aimait, mais était-ce comme une enfant ou comme une femme ? Je me le demandais encore. Je tenais beaucoup à cet amour et surtout à ce qu’il me crût la meilleure jeune fille au monde. Je ne pouvais pas ne pas désirer que cette tromperie restât en lui. Et, involontairement, je le trompais. Mais malgré cela je devenais quand même meilleure. Je sentais qu’il était mieux et plus digne de moi de montrer devant lui plutôt les meilleurs côtés de mon âme que ceux du corps. Mes cheveux, mes mains, mon visage, mes manières bien ou mal, il les avait, me semblait-il, appréciés d’un coup et les connaissait si bien qu’outre le désir de la tromperie, je ne pouvais ajouter à mon extérieur. Et il ne connaissait pas mon âme, parce qu’il l’aimait, parce qu’à ce moment même elle grandissait et se développait et là je pouvais tromper, et je le trompais. Et comme cela me devint facile avec lui quand je le compris clairement ! Ces gênes sans cause, la gêne des mouvements, disparurent tout à fait en moi. Je sentais que, me vit-il devant, de côté, assise ou debout, les cheveux re-