Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/230

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III

Un jour, pendant la moisson, moi, Katia et Sonia allâmes après dîner au jardin, sur notre banc préféré, à l’ombre des tilleuls, au bord du ravin, derrière lequel s’ouvrait la vue de la forêt et des champs. Sergueï Mikhaïlovitch n’était pas venu depuis trois jours et nous l’attendions, d’autant plus que notre intendant nous avait dit qu’il avait promis de venir voir les champs. À deux heures, nous l’aperçûmes, à cheval, s’en allant dans le champ de seigle. Katia ordonna d’apporter des pêches et des cerises, qu’il aimait beaucoup, et me regardant avec un sourire, elle se pencha sur le banc et s’endormit. Je détachai une branche de tilleul courbée, plate, aux feuilles et à l’écorce grasses, qui m’avait mouillé la main, et en éventant Katia, je continuai de lire, me détachant sans cesse du livre pour regarder la route par laquelle il devait revenir du champ. Sonia bâtissait, près des