Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/263

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nait conseil de l’économe Mariuchka pour les plateaux, les tapis, les rideaux, nécessaires à notre bonheur. De mon côté, Katia faisait la même chose avec la vieille bonne Kouzminichna. Et même on ne pouvait la plaisanter à ce sujet. Elle était fermement convaincue qu’en causant entre nous de notre avenir, nous ne disions que des fadaises, faisions des sottises comme il convenait aux jeunes gens de notre situation, mais que le plus essentiel pour le bonheur de notre avenir ne dépendrait que de la bonne confection et des broderies de mes chemises ainsi que de l’ourlet des nappes et des serviettes. Entre Pokrovskoié et Nikolskoié, plusieurs fois par jour, s’échangeaient des nouvelles confidentielles sur les choses à préparer, et bien que les relations entre sa mère et Katia parussent être très tendres, il y avait entre elles une certaine diplomatie, même la plus fine, et un peu hostile. Tatiana Semionovna, sa mère, avec qui je fis alors plus ample connaissance était une femme d’intérieur, austère, sévère, de la vieille génération. Il l’aimait non seulement comme fils, par devoir, mais même comme homme, en la considérant comme la femme la meilleure, la plus intelligente et la plus aimante au monde. Tatiana Semionovna avait toujours été bienveillante envers nous, et particulièrement envers moi, et elle était contente du mariage de son fils ; mais quand j’allai chez elle comme fiancée, il me sembla qu’elle voulait me faire sentir que,