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DEUXIÈME PARTIE




I

Les jours, les semaines, deux mois de la vie à la campagne passèrent, pour nous, inaperçus. Et cependant, durant ces deux mois il y avait assez de sentiments, d’émotions, de bonheur pour remplir la vie entière. Ses rêves et les miens sur l’organisation de notre vie de campagne se réalisèrent tout autrement que nous le pensions. Mais notre vie n’était pas pire que nos rêves. Il n’y avait pas ce travail austère, cet accomplissement du devoir, ce sacrifice de soi-même et de la vie pour un autre que je m’imaginais quand j’étais fiancée. Au contraire, c’était un sentiment égoïste d’amour l’un pour l’autre, le désir d’être aimée, la joie incessante sans cause et l’oubli de tout au monde. Parfois, il est vrai, il allait dans son bureau s’occuper