Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sait pas, et son agacement ne m’effrayait pas, mais se communiquait à moi.

Est-ce lui, qui toujours, dans nos relations, craignait la phrase, qui était toujours franc et simple, est-ce lui qui parle ainsi ? Et pourquoi ? parce que, vraiment, je voulais lui sacrifier un plaisir où je ne pouvais voir aucun mal, et parce qu’un moment avant, je le comprenais et l’aimais tant !… Nos rôles se changeaient. Il évitait les paroles droites et simples et moi je les cherchais.

— Tu es bien changé, — dis-je en soupirant. — De quoi suis-je coupable envers toi ? Ce n’est pas la soirée, tu as sur le cœur quelque chose d’ancien contre moi. Pourquoi n’es-tu pas sincère ? Toi-même, auparavant tu craignais tant de n’être pas franc ? Dis-le franchement, qu’as-tu contre moi ? « Que va-t-il dire ? — pensai-je en me rappelant avec satisfaction qu’il n’avait rien à me reprocher de tout cet hiver. Je m’avançai au milieu de la chambre, de sorte qu’il devait passer très près de moi, et je le regardai. » Il s’approchera, m’embrassera et tout sera fini, « — me dis-je, et même je regrettais de ne pouvoir lui prouver jusqu’à quel point il n’avait pas raison. Mais il s’arrêta au bout de la chambre et me regarda.

— Tu ne comprends toujours pas ? — dit-il.

— Non.

— Eh bien ! alors, je te le dirai… Je suis écœuré, pour la première fois écœuré de ce que je