Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/34

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Bon. J’engageai la montre pour cent roubles et lui rapportai la quittance.

— Quatre-vingts, — dis-je — seront à votre compte et la montre vous la rachèterez vous-même.

Et jusqu’à présent il me doit mes quatre-vingts roubles.

Après cela, il se remit à venir chez nous chaque jour. Je ne sais pas quel compte il y avait entre eux, mais il venait toujours avec le prince ou allait avec Fédotka jouer en haut. Et aussi, entre eux trois il y avait un compte étrange, quelconque. L’un donnait à l’autre, celui-ci au troisième, et qui doit à l’autre, on ne peut le comprendre.

Ils vinrent ainsi, presque chaque jour, pendant près de deux ans. Mais il avait déjà changé d’aspect ; il s’était beaucoup dégourdi, et parfois il en venait à m’emprunter un rouble pour payer le cocher, et avec le prince, il jouait cent roubles la partie. Il était devenu triste, maigre, jaune. Aussitôt arrivé il ordonne immédiatement d’apporter un verre d’absinthe, mange un canapé à la fourchette, boit du porto, alors il devient un peu plus gai. Un jour, il arriva avant le dîner. C’était pendant le carnaval, et il se mit à jouer avec un hussard.

— Voulez-vous jouer une partie intéressée ? — dit-il.

— S’il vous plaît, répond l’autre.

— Et quoi ?