Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/85

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la tourmente : le mieux, disait-il, serait de dételer le cheval, de le laisser, et le cheval, comme Dieu est saint, conduirait où il faut ; on peut parfois marcher d’après les étoiles, et il ajoutait que s’il avait été, lui, en avant, depuis longtemps nous serions au relais.

— Eh bien, y a-t-il quelque chose ? — demandat-il à Ignate qui revenait en marchant avec peine, les jambes presque jusqu’aux genoux dans la neige.

— Il y en a, il y en a, on voit le campement, — répondit Ignate essoufflé, — mais on ne sait lequel.

— Probablement, mon cher, que nous sommes arrivés au domaine Rolgovskaïa. Il faut prendre plus à gauche.

— Qu’est-ce qu’ils chantent là-bas ! Ce sont tous nos campements qui sont derrière la stanitza, — fit le conseilleur.

— Je dis que non.

— Moi, si. J’ai vu, je sais, c’est notre campement, sinon, c’est alors le village Tamichevsko. Il faut suivre toujours à droite, et nous sortirons tout droit sur le grand pont à la huitième verste.

— Mais on te dit que non ! J’ai vu, que diable ! — objecta Ignate dépité.

— Eh ! mon cher, encore un postillon !

— Oui, un postillon ! Va toi-même.

— Pourquoi irais-je ? Je sais sans cela.