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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/84

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— Oh ! oh ! qu’est-ce que tu arraches de ta gorge, Ignate ? — s’entendit la voix du conseilleur. — Arrête-toi pour un moment.

— Quoi ?

— Arrê-ê-ê-te !

Ignate s’arrêta. De nouveau tout se tut ; le vent hurlait et grondait, et la neige, en tourbillonnant, commençait à tomber plus épaisse dans le traîneau. Le conseilleur s’approcha de nous.

— Eh bien ? quoi, qu’y a-t-il ?

— Mais quoi ? Où faut-il aller ?

— Eh, qui le sait !

— Tes jambes sont-elles gelées, que tu viennes les remuer.

— Elles sont tout à fait engourdies.

— Tu ferais bien d’aller voir : voilà… On aperçoit du feu : c’est peut-être le campement des Kalmiks. Et en même temps tu te réchaufferais les pieds.

— Bon. Retiens les chevaux… Tiens, prends.

Et Ignate courut dans la direction indiquée.

— Il faut toujours regarder et aller voir ; alors on trouve, autrement qu’est-ce que c’est que d’aller comme ça, bêtement, — me disait le conseilleur, — Ah ! comme il a fatigué les chevaux !

Pendant qu’Ignate marchait pour se renseigner, et ça durait si longtemps que je craignais qu’il ne se fût égaré, le conseilleur m’expliqua, d’un ton assuré et tranquille, comment il faut agir pendant