Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/95

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d’homme ou d’animal. Les figures et les couleurs du dos des postillons et des chevaux ressortaient clairement sur ce fond blanc… Le bord du bonnet bleu foncé d’Ignachka, son collet, ses cheveux et même ses sabots étaient blancs. Le traîneau était tout couvert de neige. Chez le cheval gris du milieu, toute la partie droite de la tête et du garrot était sous la neige. Mon bricolier était dans la neige jusqu’aux genoux et toute sa croupe en sueur était, du côté droit, couverte de neige. La petite houppe se balançait toujours en mesure de n’importe quel motif et le bricolier courait comme avant. Mais, à son ventre gonflé qui se soulevait et s’abaissait fréquemment, à ses oreilles rabattues, on voyait qu’il souffrait. Un seul objet nouveau attirait l’attention : c’était le poteau des verstes duquel la neige tombait à terre et au pied duquel le vent avait amoncelé, à droite, une vraie montagne, et continuait à hurler en jetant la neige d’un côté et d’autre. J’étais très étonné de ce que nous avions marché toute la nuit pendant douze heures, avec les mêmes chevaux, sans savoir où, sans nous arrêter, et d’être à la fin arrivés. Notre clochette, semblait-il, tintait plus gaiment. Ignate s’enveloppait et criait. Les chevaux de derrière s’ébrouaient et les clochettes des troïkas du petit vieux et du conseilleur sonnaient. Mais celle du dormeur s’était, dans la steppe, complètement séparée de nous. Après une demi-verste nous trouvâmes la petite