Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’enveloppe sortit encore davantage. Pendant son sommeil, Polikeï se frappait la tête sur le bord de la charrette. Il s’éveilla près de la maison, son premier mouvement fut d’attraper son bonnet. Il était solidement enfoncé sur sa tête et il ne l’ôta pas, convaincu que l’argent s’y trouvait. Il stimula Tambour, arrangea le foin, reprit son air important, et, en regardant avec gravité, il se dirigea vers la maison. « Voilà la cuisine, le « pavillon, » la femme du menuisier, qui porte de la toile ; voici le bureau, la maison des maîtres où Polikeï prouvera tout à l’heure qu’il est un homme sûr et honnête « que chacun peut bien calomnier, » et Madame dira : « Eh bien, merci. Polikeï, prends pour toi… trois… peut-être cinq… peut-être même dix roubles. Elle ordonnera peut-être de lui donner du thé, peut-être de l’eau-de-vie. Par le froid, ça ne ferait pas de mal. Pour dix roubles nous nous amuserions à la fête, j’achèterais des bottes et rendrais quatre roubles et demi à Nikita qui me cramponne beaucoup… » À cent pas de la maison, Polikeï fouetta encore une fois le cheval, arrangea sa ceinture, le collier, ôta son bonnet, lissa ses cheveux et, sans hâte, passa la main sous la doublure.

La main s’agita dans le bonnet de plus en plus vite, l’autre s’enfonça dedans, son visage pâlit, pâlit… une main traversa le bonnet… Polikeï se jeta à genoux, arrêta le cheval et se mit à exami-