Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/124

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la peur des jeunes filles, il chercha des yeux les icônes, et, ne trouvant pas la petite image suspendue au coin gauche, il se signa dans la direction d’un buffet où étaient des tasses, mit son chapeau sur le rebord de la fenêtre, puis enfonçant sa main dans sa demi-pelisse, comme s’il voulait se gratter l’aisselle, il en tira la lettre aux cinq cachets gris portant des ancres.

La tante de Douniacha se tenait la poitrine… À peine put-elle prononcer :

— Ah ! c’est toi, tu m’as fait peur, Naoumitch ! Je ne puis prononcer un mot. Je croyais que c’était la fin.

— Peut-on faire ainsi. — prononça la deuxième femme de chambre qui sortit d’entre les jupes.

— Vous avez même troublé Madame, — dit Douniacha en se montrant à la porte. — Pourquoi viens-tu dans les chambres des bonnes sans te faire annoncer ? Un vrai moujik !

Doutlov, sans s’excuser, répéta qu’il lui était nécessaire de voir Madame.

— Elle est souffrante, — dit Douniacha.

À ce moment, Axutka éclata d’un rire si sonore et si inconvenant qu’elle dut, de nouveau, s’enfouir la tête dans les jupes, d’où, malgré toutes les menaces de Douniacha et de la tante, elle ne pouvait sortir sans pouffer, comme si quelque chose se déchirait dans sa poitrine rose et ses joues rouges. Il lui semblait si drôle qu’ils se fussent tous