Madame décacheta l’enveloppe, tressaillit en apercevant l’argent, et devint pensive.
— Maudit argent ! que de malheurs il cause !
— C’est Doutlov, Madame. Ordonnez-vous qu’on l’amène ici, ou daignez-vous sortir vers lui ? Je ne sais pas si cet argent est intact, — fit Douniacha.
— Je ne veux pas de cet argent. C’est un argent maudit, qu’a-t-il fait ? Dis-lui qu’il le garde s’il veut, — dit tout à coup Madame, en cherchant la main de Douniacha. — Oui, oui, oui, — répéta Madame à Douniacha étonnée, — qu’il garde tout et qu’il en fasse ce qu’il voudra.
— Quinze cents roubles, — objecta Douniacha, en souriant doucement comme à un enfant.
— Qu’il prenne tout, — répéta Madame impatiemment. — Quoi ! Ne me comprends-tu pas ! C’est de l’argent maudit ; ne m’en parle jamais. Que le paysan garde ce qu’il a trouvé. Va, va donc !
Douniacha revint dans la chambre des bonnes.
— C’est tout l’argent ? — demanda Doutlov.
— Compte toi-même. Elle a ordonné de te le donner, — dit Douniacha en lui tendant l’enveloppe.
Doutlov mit son bonnet sous son bras, et en se penchant se mit à compter.
— Il n’y a pas de boulier ?
Doutlov avait compris que Madame, trop sotte pour compter, lui ordonnait de le faire.
— Tu compteras chez toi ! C’est à toi ! C’est ton