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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/197

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VIII

LA QUATRIÈME NUIT

Le soir quand les portes furent fermées, que tout devint calme, le cheval pie continua ainsi :

— En passant ainsi de mains en mains, j’ai réussi à beaucoup observer les hommes et les chevaux. Où je restai le plus longtemps, ce fut chez deux maîtres : un prince, officier des hussards, ensuite une vieille femme qui habitait près de l’église de Saint-Nicolas. — Chez l’officier de hussards je passai le meilleur temps de ma vie.

Bien qu’il fut la cause de ma perte, bien qu’il n’aimât jamais rien ni personne, je l’aimais, et je l’aimais précisément pour cela.

Ce qui me plaisait en lui c’est qu’il était beau, heureux, riche, et n’aimait personne. Vous comprenez, c’est notre sentiment élevé de cheval ! Sa froideur, ma dépendance de lui, donnaient une force particulière à mon amour pour lui : « Tue-moi, — pensais-