Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/284

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c’est moi ou toi qui ne te connais pas. Seulement je t’ai dit ce que j’avais sur le cœur. Si tu m’écoutes tu feras bien. Maintenant causons de Sérioja. Comment est-il avec toi ? Elle voulait dire : « Il ne me plaît pas beaucoup, » mais elle prononça : Il ressemble beaucoup à sa mère ; deux gouttes d’eau. Ta Sonia m’a plu beaucoup, beaucoup. Elle a quelque chose de charmant, d’ouvert. Elle est délicieuse. Où est-elle Sonitchka ? Oui, j’ai oublié.

— Mais comment vous dire, Sonia sera une bonne épouse et une bonne mère, mais Sérioja est intelligent, très intelligent, personne ne le niera. Il apprend très bien, un peu paresseux. Il avait une grande passion pour les sciences naturelles. Nous avons eu de la chance. Nous avons eu un bon professeur. Il veut entrer à l’Université, suivre les cours de sciences naturelles et de chimie…

Maria Ivanovna n’écouta presque plus dès que son frère parla de sciences naturelles. Spontanément elle se sentait triste, surtout quand il mentionna la chimie. Elle poussa un profond soupir, et, répondant nettement à la série de pensées qu’excitaient en elle les sciences naturelles :

— Si tu savais comme je les plains, Petroucha, — fit-elle avec une tristesse franche, douce, timide, — quel dommage ! quel dommage ! La vie entière est devant eux, que ne souffriront-ils pas encore !