Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/292

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glise. Les paysans et les paysannes étaient sortis dehors. Il ne restait que deux vieilles mendiantes qui, assises dans un coin, causaient entre elles et, de temps en temps, regardaient Ivan Petrovitch, avec le désir évident de le saluer et de lui causer, et deux valets : celui d’Ivan Petrovitch, en livrée, et celui des Tchernichov venu avec la vieille dame. Les deux valets aussi chuchotaient quelque chose avec animation ; quand Ivan Petrovitch sortit du chœur, en l’apercevant, ils se turent. Il y avait encore une femme en haute coiffure garnie de perles avec une pelisse blanche dont elle couvrait un bébé malade qui criait et qu’elle essayait d’apaiser, et une vieille femme voûtée, en haute coiffure aussi, ornée de passementeries, un fichu blanc noué à la vieille, en cafetan gris avec des petits coqs dessinés dans le dos. Elle était à genoux au milieu de l’église, tournée vers une vieille icône suspendue entre les vitraux et qu’entourait une serviette neuve à franges rouges. Elle priait avec tant de ferveur, de solennité, de passion, qu’il était impossible de ne le pas remarquer. Avant de s’approcher du marguillier qui, près d’une petite armoire mêlait les restes des cierges en un tas de cire, Ivan Petrovitch s’arrêta pour regarder cette vieille. La vieille priait de tout cœur. Elle se tenait à genoux, aussi droite qu’il était possible en regardant l’icône. Tous ses membres étaient mathématiquement symétriques. Les pieds s’appuyaient sur les dalles, tous deux