Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/293

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sous le même angle. Le corps était rejeté en arrière autant que le permettait son dos voûté ; les mains étaient régulièrement jointes sous le ventre. Sa tête, rejetée en arrière, et le visage ridé, le regard vitreux, exprimant la piété, était tourné droit vers l’icône entourée de la serviette. Immobile dans cette pose, durant une minute, peut-être moins, mais en tous cas, un temps défini, elle respirait péniblement ; d’un geste large, elle portait la main plus haut que sa coiffure, de ses doigts courbés touchait le sommet de sa tête et du même mouvement large faisait la croix sur son ventre et ses épaules, puis baissait la tête sur les mains posées symétriquement sur le sol, de nouveau se relevait, et refaisait la même chose.

« En voilà une qui prie ! pensa Ivan Petrovitch en la regardant. Ce n’est pas comme nous, pécheurs. Voilà la religion, la foi. Je sais bien qu’elle prie, comme eux tous, ou sur l’icône, ou sur la serviette et la broderie, mais quand même, c’est bien ! se dit-il. Chacun a sa religion. Elle prie l’icône et moi, voilà, je crois qu’il est nécessaire de demander pardon aux paysans ! »

Et il se dirigea vers le marguillier en regardant involontairement autour de lui pour savoir qui verrait cet acte dont il avait à la fois de la honte et du plaisir. Il lui était désagréable que les vieilles femmes, des mendiantes, comme il les appelait, le vissent, mais ce qui l’ennuyait le plus, c’était