Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/313

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Non seulement Tikhonovna ne faisait pas attention à ce qu’on disait et faisait autour d’elle, elle ne voyait et n’entendait rien. Depuis qu’elle avait quitté sa maison, elle était pénétrée de la nécessité de travailler pour Dieu et d’une autre nécessité, venue en son âme elle ne savait elle-même quand : la nécessité de transmettre la supplique. En sortant de l’izba des domestiques, elle s’approcha de la femme du diacre et lui dit :

— N’oublie pas mon affaire, au nom du Christ, mère Paramonovna. Demande s’il n’y a pas quelqu’un.

— Que veut-elle, la vieille ?

— Voilà, on lui a fait une injustice et les gens lui ont conseillé de remettre une supplique au tzar.

— Alors il faut la conduire tout droit au tzar, — dit le valet en plaisantant.

— Ah ! quel imbécile ! fit le vieux cordonnier. Si je prends une forme, je ne regarderai pas à ton habit. Alors tu apprendras à te moquer des vieillards !

Le valet commença à murmurer ; mais sans l’écouter, le vieux emmena Tikhonovna.

Tikhonovna était contente de n’être plus dans l’izba des domestiques, elle préférait celle des cochers.

Dans l’izba des domestiques, tout était trop