Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/314

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propre, tout le monde était propre et Tikhonovna se sentait mal à l’aise.

L’izba des cochers était plus semblable à celles des paysans. Tikhonovna s’y trouvait mieux.

Cette izba, construite en sapin, avait huit archines avec un grand poêle, des bancs, un plancher neuf taché de boue.

Quand Tikhonovna entra dans l’izba, une cuisinière, une serve, blanche, rouge, grasse, les manches de sa robe de coton retroussées, à grand peine remuait avec des pincettes le pot dans le four. Il y avait aussi un jeune cocher qui apprenait à jouer de la balalaïka, un vieux à barbe blanche, assis sur la planche, pieds nus et qui, tenant de la soie entre ses lèvres, cousait quelque chose de fin et de joli ; un jeune homme ébouriffé, brun, en chemise et pantalon bleu, le visage grossier, était assis sur un banc, près du poêle, et, la tête appuyée sur ses mains, accoudé sur les genoux, il mâchait du pain.

La petite Nastia, pieds nus, les yeux brillants, accourut à pas légers devant la vieille, poussa la porte collée par la vapeur et grinça de sa voix aiguë :

— Tante, Marina ! Simonitcht a envoyé cette vieille. Elle ordonne de lui donner à manger. Elle est de notre pays. Avec la vieille Paramonovna, elle est allée aux saintes reliques. Paramonovna boit du thé. Vlasslievna en a envoyé chercher…