Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/35

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un sourire léger jouait sur les lèvres de la malade. Comme Dieu est miséricordieux ! N’est-ce pas ? Il est miséricordieux et tout-puissant !

Et de nouveau, avec une piété avide, les yeux pleins de larmes, elle regarda l’icône.

Ensuite, tout à coup, elle parut se rappeler quelque chose et d’un signe elle appela son mari.

— Tu ne veux jamais faire ce que je te demande — dit-elle d’une voix faible et mécontente.

Le mari allongeait le cou et l’écoutait docilement.

— Quoi, mon amie ?

— Combien de fois t’ai-je dit que ces docteurs ne savent rien ; il y a des remèdes simples qui guérissent… Voilà… le prêtre disait… un homme du peuple, envoie…

— Qui chercher, mon amie ?

— Mon Dieu ! il ne veut rien comprendre…

Et la malade se crispa et ferma les yeux.

Le docteur s’approcha d’elle et lui prit la main. Le pouls était de plus en plus faible. Il cligna des yeux vers le mari. La malade remarqua ce signe et se retourna effrayée.

La cousine se détournait et pleurait.

— Ne pleure pas, tu nous tourmentes, et toi et moi, — dit la malade — et cela m’ôte la suprême tranquillité.