Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieux, à grand peine, a attendu son neveu, le cadet, et maintenant, il faut de nouveau le ruiner. Et moi, veuillez considérer que je me soucie de vos propres intérêts comme des miens. C’est dommage, madame, comme il vous plaira. Ce ne sont ni mes parents ni mes frères et je n’ai rien reçu d’eux…

— Mais je n’en doute pas, Egor — interrompit la maîtresse ; et aussitôt elle pensa qu’il était acheté par les Doutlov.

— … Mais ils ont la meilleure cour de Pokrovskoié ; ce sont des paysans craignant Dieu, travailleurs, le vieux, pendant trente ans, a été marguillier ; il ne boit pas de vin, ne jure jamais et va aux offices (l’intendant connaissait le point sensible) ; et le principal, c’est qu’il n’a que deux fils, les autres sont des neveux. Le mir les désigne, et, à vrai dire, ceux qui ont deux travailleurs devraient tirer au sort. Les autres, même ceux qui ont trois fils, se sont séparés, et maintenant ils ont raison : et ceux-ci doivent souffrir à cause de leur vertu.

Ici, madame ne comprit déjà plus rien. Elle ne comprenait pas ce que signifiait le « sort de deux travailleurs», « la vertu » ; elle n’entendait que des sons et observait les boutons de nankin de la redingote de l’intendant. Le bouton supérieur, qu’il boutonnait sans doute moins souvent, était solidement attaché, ceux du milieu pendaient déjà tout-à-fait et demandaient depuis longtemps à