Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/176

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de la maison, de chaque côté, quelques autres hommes semblables. Mais, ni Anna Mikhaïlovna, ni le valet, ni le cocher, qui ne pouvaient pas ne pas remarquer ces hommes, n’y prirent attention. « Il le faut ainsi, » se dit Pierre ; et il suivit Anna Mikhaïlovna. Celle-ci, à pas rapides, montait l’escalier étroit, très faiblement éclairé, et appelait Pierre qui était derrière elle et qui, bien que ne comprenant pas pourquoi il lui fallait aller chez le comte, ou encore moins pourquoi il devait monter par l’escalier de service, jugeait par la décision et la hâte d’Anna Mikhaïlovna, que ce devait être nécessaire. Au milieu de l’escalier, des hommes qui descendaient avec des seaux, en frappant leurs souliers, le bousculèrent presque. Ils se serrèrent le long du mur, pour laisser passer Pierre et Anna Mikhaïlovna, et ne montraient pas le moindre étonnement à leur vue.

— C’est ici l’appartement des princesses ? — demanda à l’un d’eux Anna Mikhaïlovna.

— Ici, la porte à gauche, madame, répondit le valet, d’une voix forte, hardie, comme si maintenant tout était permis.

— Le comte ne m’a peut-être pas demandé, — fit Pierre aussitôt arrivé sur le palier, — peut-être irai-je chez moi.

Anna Mikhaïlovna s’arrêta pour attendre Pierre.

Ah ! mon ami — fit-elle, avec le même geste que le matin en parlant à son fils, en touchant sa