À Lissia-Gorï, dans le domaine du prince Nicolas Andreievitch Bolkonskï, on attendait chaque jour l’arrivée du jeune prince André et de la princesse. Mais l’attente ne troublait pas l’ordre sévère dans lequel s’écoulait la vie dans la maison du vieux prince.
Le général en chef, prince Nicolas Andreievitch, que la société avait surnommé le roi de Prusse, n’avait pas bougé de Lissia-Goreïj, avec sa fille, la princesse Marie, et sa demoiselle de compagnie, mademoiselle Bourienne, depuis que sous Paul Ier il avait été relégué à la campagne. Bien que, depuis le nouveau règne, on lui eût permis l’entrée des capitales, il continuait quand même sa vie sédentaire à la campagne, en disant que si quelqu’un avait besoin de lui, alors il ferait les cent cinquante verstes qui séparent Moscou de Lissia-Goreïj, mais que lui n’avait besoin de rien ni de per-