Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/300

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— Mais voyons, mon cher, voyons, écoutez — l’interrompit de sa voix basse le capitaine en second, tout en caressant lentement ses longues moustaches. — Vous dites au colonel devant les autres officiers, qu’un officier a volé…

— Suis-je coupable si la conversation avait lieu en présence des autres officiers ? Peut-être ne fallait-il pas le dire devant eux, mais je ne suis pas diplomate. Je suis entré aux hussards précisément parce que je pensais qu’il n’y fallait pas de finasseries, et il me dit que je mens ; alors qu’il me donne satisfaction…

— Tout cela est très bien, personne ne pense que vous êtes un poltron, mais il ne s’agit pas de cela. Demandez à Denissov s’il est possible qu’un junker demande satisfaction au colonel.

Denissov, en mordillant sa moustache, l’air sombre, écoutait la conversation. On voyait qu’il ne désirait pas y prendre part. À la question du capitaine en second il hocha négativement la tête.

— Vous parlez de cette vilenie au colonel devant les officiers, — continua le capitaine en second, — Bogdanitch (ainsi appelait-on le colonel) vous a rappelé à l’ordre.

— Il ne m’a pas rappelé à l’ordre, il a dit que je mentais.

— Eh bien ! vous lui aurez dit des bêtises. Vous devez vous excuser.

— Jamais ! — cria Rostov.