Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tain et l’on apercevait nos troupes qui se hâtaient pour traverser la rivière.

Nesvitzkï, par fanfaronnade, se leva et, en souriant, s’approcha du général : — Ne voulez pas prendre un morceau, Votre Excellence ?

— Une mauvaise affaire, — dit le général sans lui répondre. — Les nôtres sont en retard.

— Faut-il y courir, Votre Excellence ? — demanda Nesvitzkï.

— Oui, allez, je vous prie, — répondit le général. — Et il répéta l’ordre déjà donné en détails. — Dites aux hussards qu’ils traversent les derniers et brûlent le pont comme j’en ai donné l’ordre, et qu’on inspecte bien les matières inflammables placées sur le pont.

— Très bien — dit Nesvitzkï.

Il appela le cosaque à cheval, lui ordonna d’arranger sa cantine et hissa légèrement son corps lourd sur la selle.

— Ma foi, j’irai chez les nonnes en passant, — dit-il aux officiers qui le regardaient avec un sourire, et il s’éloigna par le sentier sinueux de la montagne.

— Eh bien, capitaine, voyons où ça portera, — dit le général s’adressant au capitaine d’artillerie. — Distrayez-vous un peu.

— Canonniers, à vos pièces ! — commanda l’officier. En un clin d’œil les artilleurs, gaiement, accouraient au feu et chargeaient le canon.