Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/362

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nant vers Brünn et qu’aujourd’hui ou demain il sera ici.

— Comment ici ? Mais comment n’a-t-on pas fait sauter le pont qui était miné ?

— C’est ce que je vous demande ? Cela personne ne le sait, pas même Bonaparte.

Bolkonskï haussa les épaules.

— Mais si le pont est traversé, alors l’armée est perdue, elle sera coupée, — dit-il.

— Précisément, — répondit Bilibine. — Écoutez. Les Français, comme je vous l’ai dit, entrent à Vienne. Tout va très bien. Le lendemain, c’est-à-dire hier, MM.  les maréchaux Murat, Lannes et Béliard montent à cheval et vont sur le pont (remarquez que tous trois sont gascons). « Messieurs, dit l’un, vous savez que le pont du Thabor est miné et contre-miné, qu’il y a devant lui une redoutable tête de pont et quinze mille hommes avec l’ordre de faire sauter le pont et de nous empêcher de passer. Mais, comme il sera très agréable à l’empereur que nous prenions le pont, allons et à nous trois prenons-le. — « Allons, dirent les autres. » Et ils vont et prennent le pont, le traversent, et maintenant avec toute leur armée ils sont de ce côté du Danube et se dirigent sur nous, sur vous et sur vos nouvelles.

— Ne plaisantez pas, — fit sérieusement et avec tristesse le prince André. Cette nouvelle lui était à la fois pénible et agréable. Aussitôt qu’il sut