Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/406

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voyait des bombes incandescentes au village Schœngraben qu’on voyait devant et où les Français s’avançaient par grandes masses.

Personne n’avait dit à Touchine où et avec quoi tirer, mais lui, prenant conseil du sergent-major Zakhartchenko qu’il avait en grande estime, avait décidé qu’il serait bien d’enflammer le village. « Bon ! » dit Bagration en réponse au rapport de l’officier ; et, comme s’il calculait quelque chose, il se mit à examiner tout le champ de bataille qui s’ouvrait devant lui. Les Français s’approchaient le plus près du côté droit. Du bas de la côte où se trouvait le régiment de Kiev, dans le creux de la rivière, on entendait un grondement prolongé de fusils qui saisissait le cœur, et beaucoup plus à droite, derrière les dragons, l’officier de la suite montra au prince une colonne de Français qui tournaient notre flanc. À gauche l’horizon était borné par une forêt voisine. Le prince Bagration donna l’ordre aux deux bataillons du centre d’aller renforcer la droite. L’officier de la suite osa objecter au prince qu’après le départ de ces bataillons les canons resteraient sans couverture. Le prince Bagration se tourna vers lui et le regarda en silence, avec des yeux vagues. L’observation de l’officier de la suite semblait au prince André juste et indiscutable. Mais à ce moment, l’aide de camp du commandant du régiment qui était dans le creux arrivait avec la nouvelle que