Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/431

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Au contraire, à en juger par l’énergique attaque de cette batterie, il supposait qu’ici, au centre, étaient concentrées les forces principales des Russes, et deux fois il essaya d’attaquer ce point et deux fois fut repoussé par les boulets des quatre canons qui se dressaient isolément sur cette hauteur.

Peu après le départ du prince Bagration, Touchine avait réussi à enflammer Schongraben.

— Voilà ! ils sont embrouillés ! Ça brûle ! Voilà la fumée ! Bravo ! Bravo ! Ah ! quelle fumée ! — disaient les servants en s’animant.

Tous les canons, sans ordre, tiraient dans la direction de l’incendie. Les soldats, comme si de cette façon ils avançaient l’affaire, criaient à chaque coup : « Bravo ! Comme ça, comme ça ! Ah ! ah ! voilà… très bien ! » L’incendie, activé par le vent, se répandait rapidement. Les colonnes françaises installées dans le village rebroussaient chemin, mais comme pour se venger de cet insuccès, l’ennemi dressait dix canons à droite du village et commençait à tirer sur la batterie de Touchine.

À cause de la joie enfantine excitée par l’incendie, et du ravissement de leur succès contre les Français, nos artilleurs ne remarquèrent cette batterie que quand deux boulets, et après eux, quatre autres encore, tombèrent parmi leurs canons, renversèrent deux chevaux, et qu’un autre arracha la jambe d’un canonnier. Cependant l’ani-