Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/73

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l’odeur du vin et l’on entendait de loin des bruits de voix et des cris.

Le jeu et le souper étaient déjà terminés, mais les invités ne se séparaient pas encore. Pierre rejeta son manteau et entra dans la première chambre où se trouvaient les reliefs du souper, et où un valet, pensant n’être vu de personne, à la dérobée, vidait les verres. De la troisième chambre venaient un vacarme, des éclats de rire, des cris de voix connues et le grognement d’un ours. Huit jeunes hommes se pressaient anxieux contre la fenêtre ouverte, trois autres jouaient avec un jeune ours, qu’un d’eux traînait par une chaîne, et en effrayait les deux autres.

— Je parie cent roubles pour Stievens ! — cria l’un.

— Attention, il ne faut pas le soutenir ! — cria un autre.

— Moi je parie pour Dolokhov, — fit un troisième. — Sépare, Kouraguine.

— Eh bien ! Laissez Michka[1], il s’agit d’un pari.

— Tout d’un trait, autrement c’est perdu, — cria le quatrième.

— Iakov, donne une bouteille, Iakov ! — hurla le maître de la maison, un grand et beau jeune homme, qui en chemise fine, ouverte sur la poitrine, se tenait au milieu des invités. — Messieurs, voici Pétroucha. — Cher ami, — s’adressa-

  1. Nom donné ordinairement à l’ours.