Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui se dit votre vieil ami, n’est point du tout coupable de ce que ma physionomie ait le malheur de vous déplaire. Cependant, fit-il en se levant, vous savez mon nom et où me trouver ; mais n’oubliez pas que je ne me considère nullement comme votre offensé et que mon conseil d’homme plus âgé c’est de laisser cette affaire sans suite. Alors, à vendredi, après la revue, je vous attendrai, Droubetzkoï. Au revoir, dit le prince André ; et il sortit en les saluant tous deux.

Rostov se rappela ce qu’il fallait répondre, seulement quand le prince André fut parti, et il était surtout fâché de n’avoir pas répondu.

Rostov ordonna immédiatement de préparer son cheval, et en disant sèchement adieu à Boris, il partit chez lui. « Faut-il aller demain au quartier général et provoquer cet aide de camp poseur, ou, en effet, laisser cette affaire sans suite ? » Cette question le tourmentait tout le long du chemin. Tantôt avec colère il pensait avec quel plaisir il verrait l’effroi de cet homme petit, faible et orgueilleux, sous son pistolet ; tantôt, avec étonnement, il sentait que de tous les hommes qu’il connaissait il ne désirait avoir pour ami personne autant que ce petit aide de camp qu’il haïssait si fort.