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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/123

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ment et fortement la main de Boris mais ne lui dit rien, et évidemment incapable de se retenir d’exprimer les idées qui l’occupaient si fortement en ce moment, il s’adressa en français au prince André :

— Eh bien ! Mon cher, quelle bataille nous avons soutenue, Dieu fasse seulement que la prochaine ait un résultat aussi victorieux. Cependant, mon cher, — fit-il en s’animant et saccadant ses mots, — je dois reconnaître ma faute envers les Autrichiens et surtout envers Veyroter, Quelle ponctualité ! quelle exactitude ! quelle connaissance du pays ! quelles prévisions de toutes les possibilités, de toutes les conditions, de tous les moindres détails ! Non, mon cher, même exprès on ne peut inventer rien de plus avantageux que les conditions dans lesquelles nous nous trouvons. L’exactitude autrichienne unie au courage russe, que voulez-vous de plus ?

— Alors, l’attaque est définitivement décidée ? demanda Bolkonskï.

— Vous savez, mon cher, il me semble que Buonaparte a définitivement perdu son latin. Vous savez qu’aujourd’hui une lettre de lui est arrivée pour l’Empereur.

Dolgoroukov eut un sourire significatif.

— Vraiment ! qu’écrit-il ? demanda Bolkonskï.

— Que peut-il écrire ? Tra, dé, ri, dé, ra, etc. C’est toujours afin de gagner du temps. Je vous