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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/220

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On nomma le colonel, prince Repnine.

— Vous commandiez la garde de l’empereur de Russie ? — lui demanda Napoléon.

— Je suis colonel et chef d’escadron dans le régiment des chevaliers-gardes, — répondit Repnine.

— Votre régiment a fait noblement son devoir, dit Napoléon.

— C’est une belle récompense que d’avoir l’approbation d’un grand homme, — dit Repnine.

— Je vous l’accorde avec plaisir, — dit Napoléon.

— Quel est ce jeune homme, à côté de vous ?

— C’est le fils du général Soukhtelen. Il sert comme lieutenant dans mon escadron.

En le regardant, Napoléon dit avec un sourire : « Il est venu bien jeune se frotter à nous. »

— On n’a pas besoin d’être vieux pour être brave, — prononça Soukhtelen avec emphase.

— Bien répondu, — dit Napoléon ; — jeune homme, vous ferez votre chemin !

Le prince André, placé lui aussi en avant, pour compléter le trophée des prisonniers, ne pouvait pas ne point attirer l’attention de l’empereur.

Napoléon se rappelait évidemment l’avoir vu sur le champ de bataille, et s’adressant à lui :

Il employa la même appellation — jeune homme, sous laquelle Bolkonskï, la première fois, se reflétait dans sa mémoire.